Ranko Tsukigime’s Longest Day
Avis de Mizakido :
Le cinquième et dernier segment de Short Peace, Ranko Tsukigime’s Longest Day, n’est ni plus ni moins qu’un jeu-vidéo qui partage lui aussi un thème et une supervision similaires aux autres courts métrages de cette compilation. Le Japon toujours, une époque contemporaine, et aux commandes, deux personnes connues et appréciées pour leur vision singulière du média vidéoludique. Au game design, on retrouve Yohei Kataoka et son studio Crispy’s!, à qui l’on doit notamment l’excellent Tokyo Jungle, et au scénario, Suda51 et Grasshopper Manufacture, que l’on ne présente plus, mais qui pour rappel sont les joyeux concepteurs des célèbres Killer7 et No More Heroes. Une dualité des plus intéressantes, pour un résultat plutôt réussi, comme nous allons le voir plutôt rapidement.
Lycéenne le jour, tueuse la nuit, Ranko Tsukigime a décidément une vie bien mouvementée, surtout quand sa quête pour assassiner son propre père (?!) tourne en règlement de comptes entre elle et une bande de démons sanguinaires. On sent directement dès les premières minutes de jeu l’influence de Suda51 : une héroïne totalement en décalage avec l’univers qu’elle côtoie de jour sans que cela choque personne, et surtout, la nuit, un monde alternatif complètement délirant, remplis de démons, d’onomatopées psychédéliques, de tokusatsu, d’un loulou de Poméranie géant (référence, référence) et d’autres trucs tout à fait rigolos, comme notre Ranko habillée en maid rose et équipée d’un énorme fusil-sniper en forme de violon (!). Ce délire nonsence est poussé jusqu’au bout, entre chaque niveau, par de bien chouettes séquences plus ou moins animées s’inspirant visuellement de différents médias, comme du visual-novel, du comic, et bien sur, des animes japonais à la FLCL.
Au niveau du gameplay, on retrouve un mélange plus ou moins homogène de genres adaptés pour chaque situation auxquelles nous allons être confrontés. Pour 80% du temps, il s’agira d’un jeu de plate-formes dans la veine d’un Canabalt à qui l’on a rajouté d’autres actions et surtout, pour chaque niveau, une multitude d’embranchements à emprunter. Tout au fond à droite : la sortie. A gauche, une manifestation diabolique du “mur de la mort” qui nous bouffera tout crû si jamais on ne court pas assez vite dans la direction opposée. Au milieu, notre héroïne, rapide, et bien décidée à ne pas finir dévorée. Le but est donc très simple : aller le plus vite possible au bout de chaque tableau en s’arrangeant pour prendre l’itinéraire le moins obstrué en obstacles et précipices en tout genre, avec pour s’aider sauts et glissades à utiliser avec parcimonie. Et comme si ce n’était pas encore assez, une horde de démons viendra bloquer du mieux qu’ils peuvent sa course effrénée pour quitter les lieux. Mais heureusement, Ranko dispose d’un arsenal fort adapté pour s’en débarrasser, à savoir une sorte d’épée dont le coup ravageur se reportera par combos sur les ennemis environnants, gage de scoring et surtout pratique pour remplir la barre qui servira à déclencher une botte secrète dévastatrice qui pulvérisera toute forme de mort à l’écran et repoussera pendant un court moment toutes mains venues d’outre-monde. Pour les 20% restant, à savoir les boss, le jeu s’amusera à rendre hommage aux titres d’antan avec des séquences façon shoot’em’up et à la Mario Bros, d’une folie similaire à celle proposée dans la série des No More Heroes.
Que dire au final de Ranko Tsukigime’s Longest Day ? Et bien! Qu’il s’avère tout à fait sympathique à défaut d’être révolutionnaire. Le délire est bien là, tant au niveau de son scénario que de son univers, mais le jeu propose un gameplay qui manque cruellement de profondeur et d’audace, si bien qu’une fois le jeu terminé (en moins de trois petites heures), on reviendra difficilement dessus, même pour améliorer son temps ou débloquer une galerie d’artworks ou de nouveaux costumes, seuls éléments de replay-value valables, si l’on exclue l’hallucinant n’importe quoi qui enrobe délicieusement tout cela. De plus, techniquement, sans être spécialement beau, le titre se paye le luxe de saccader par moments, gâchant ainsi la fluidité d’une action ma foi simple, mais plutôt marrante. En reste tout de même un complément idéal à ce très éclectique Short Peace.