/!\ ATTENTION! Ce test comporte des spoilers sur l’anime Sword Art Online /!\
[dropcaps style=’2′]Tiré de l’anime éponyme, Sword Art Online Hollow Fragment est la deuxième adaptation en jeu vidéo de l’univers de Reki Kawahara, mais la première à arriver hors du Japon. Je vous rassure tout de suite, vous ne manquerez rien : le premier titre, Sword Art Online Infinity Moment, est entièrement inclus dans Sword Art Online Hollow Fragment, dont celui-ci n’est au final que l’extension.
Pour ceux qui connaissent un peu la chronologie de Sword Art Online, Hollow Fragment commence à la fin de Aincrad. Il est à la fois un prolongement et une fin alternative à ce premier arc de l’histoire de SAO. Concrètement, après avoir battu Kayaba Akihiko au palier 75, le jeu ne se termine pas et Asuna, Silica, Lisbeth ainsi que l’ensemble des joueurs de SAO doivent donc poursuivre jusqu’au 100e et dernier étage. A cet instant, Kirito se retrouve lui transporté dans une zone étrange et inconnue, la Hollow Area. A peine arrivé, il est attaqué par une Player Killer appelée Philia. Sword Art Online Hollow Fragment se décompose donc en deux parties distinctes, à savoir Aincrad «classique» et la Hollow Area spécialement pensée et conçue pour cette version PSVita.[/dropcaps]
Avant d’aborder cette dualité, examinons le système de combat. Vous dirigez toujours Kirito accompagné d’une (ou un, il y a aussi des mecs) partenaire géré par l’IA. Les mécanismes de jeu sont très proches de Xenoblade, dans le sens où il y a un auto-attack et des skills qu’il faut recharger. En combat, vous disposez de cinq palettes que vous faites défiler avec L et R. Deux concernent les instructions que vous donnez à votre compagnon de route (retraite, défense, offensive, félicitations, etc.), une autre regroupe vos skills d’attaque et les deux dernières tout ce qui concerne skills de soin/statut/objets. Votre partenaire vous demandera régulièrement d’effectuer certaines actions (skill offensif, switch, paralyser l’adversaire) à l’issue desquelles vous pouvez lancer une attaques conjointes au un relais qui vont considérablement entamer les HP de l’ennemi. Vous devez tenir compte également d’une jauge de danger : plus celle-ci est élevée, moins la commande «attaque» de base est puissante. Il faut donc de temps à autre demander à votre compère de «switcher», ce qui en contrepartie l’envoie à l’avant sans couverture.
Cela peut sembler alléchant sur le papier, mais en pratique, ce n’est pas toujours si génial. Déjà, l’IA des filles est parfois un peu à la ramasse (parfois immobiles, parfois courant inutilement dans le vide, ignorant les switchs…) mais surtout celles-ci sont relativement fragiles en début de partie. Pour vous donner une idée, Kirito commence au niveau 100, Silica seulement au niveau 70. Le rattrapage se fait assez naturellement, mais cela cause beaucoup de game over très irritants durant les premières heures de jeu. En outre, la plupart des combats se déroulent assez bêtement en mitraillant le bouton rond en attendant que votre binôme vous fasse signe. Il faut attendre d’avoir à ses côtés un partenaire au niveau et en face un boss suffisamment coriace pour pouvoir profiter de l’étendue des possibilités et ressentir le bonheur de la bataille. Techniquement, le jeu apparaît un peu faiblard : la modélisation n’est ni bonne, ni mauvaise, les animations un peu raides, et le jeu inflige des ralentissements et des bugs de collision assez inacceptables pour une licence aussi célèbre.
Passons à Aincrad. L’ascension des 25 derniers étages de SAO s’est révélée un peu routinière : vous suivez invariablement le même schéma, à savoir des petites quêtes annexes sans relief à faire pendant que vous partez en repérage de la salle du boss, puis l’affrontement avec le boss en lui-même. Le level design est pas excellent, les environnements se ressemblent beaucoup et n’ont pas grande particularité. C’est assez grand, certes, mais 90% du temps un ne fait qu’aller d’une entrée à une sortie. On «explore» pas vraiment et de trop rares énigmes se dressent sur votre chemin. Toutefois, arriver à l’étage 100 fait quand même son petit effet.
Votre harem viendra régulièrement briser la monotonie. Vous pouvez vous installer à table avec la fille (ou l’homme) de votre choix et discuter un peu. Cela dit, les rencards ne vont pas très loin, car les sujets sont ultra-limitées et les réponses complètement aléatoires. Il n’y a pas de logique à rechercher comme ce serait le cas dans une dating sim digne de ce nom.
Heureusement, le jeu renferme de nombreux events très fidèles à l’esprit et à l’humour de la série. Quant je dis beaucoup, comptez presque une dizaine par étage, avec parfois des quêtes annexes qui vont feront un peu chercher dans les étages déjà traversés. Celles-ci sont de mini-histoires approfondissant la relation de Kirito avec ses amies (son mariage avec Asuna par exemple). En moyenne, les events sont beaucoup plus axés sur le fan service que l’anime, ce qui ressort de la pléthore de très belles illustrations, animées qui plus est. Précisons, parce que ce n’est pas évident, que Sword Art Online Hollow Fragment inclut Leafa et Shinon (qui ne sont pas présentes dans Aincrad), ainsi que deux personnages inédits, à savoir Philia et Strea. Cela apporte à la fois un bonus non négligeable aux inconditionnels de la série et une bonne dose de variété.
Mais Sword Art Online Hollow Fragment va encore plus loin dans la variété. En effet, après un certain temps, vous pourrez faire équipe avec n’importe quel PNJ! Ceux-ci vous demanderons régulièrement de venir combattre à leurs côtés pour les aider à augmenter leur niveau. Ce faisant, vous gagnerez progressivement la confiance des autres joueurs de SAO. De plus, et cela est très important, assister les PNJ a un impact sur les combats de boss, puisque des membres d’autres guildes se joignent systématiquement à vous pour finir un palier.
Même si je recommande de compléter Aincrad avant, rien ne vous empêche de vous jeter dans la Hollow Area dès le début, ou même de faire un compromis en faisant les deux environnements en parallèle pour se changer un peu les idées. Sword Art Online Hollow Fragment n’est en effet pas linéaire à ce niveau et vous laisse organiser votre progression comme bon vous semble. La Hollow Area est organisée très différemment de Aincrad : c’est une immense étendue divisée en plusieurs aires à terminer les unes après les autres. La comparaison avec Xenoblade est inévitable, le mot «exploration» prend soudainement tout son sens. On navigue à vue avec un schéma presque aussi imprécis qu’une carte au trésor, rien que le fait de traverser les zones prend des heures. Le jeu vous aide un peu, mais il faut souvent retourner chaque coin de la map pour trouver la clé de votre progression et il y a vraiment besoin de réfléchir pour se débloquer. A noter que les environnements sont nettement plus travaillés, la qualité du level design s’améliore beaucoup aussi.
Les combats, devenus plus intenses dans les derniers étages de Aincrad, ont ici plus la pêche que jamais. On remercie l’électrisant boss battle theme qui dynamise grandement les confrontations, mais surtout la difficulté bien dosée qui donne des batailles franchement gratifiantes. Le joueur est toujours sur le qui-vive, jonglant frénétiquement entre ses palettes et sa liste d’items, l’œil en permanence sur la situation de son allié(e). Et puis, les boss ont franchement de la gueule.
Le scénario est également pour beaucoup dans l’ambiance de cette Hollow Area. Alors que la méta-histoire de Aincrad se développe très tardivement et ne fait en réalité que transposer les enjeux de l’arc Fairy Dance, cette deuxième partie du jeu est pleine d’idées neuves et ingénieuses, avec quelques passages qui n’ont rien à envier aux meilleurs moments de la série. Les cinématiques, aussi magnifiques que dans Fire Emblem Awakening, plongent d’autant plus le joueur dans l’histoire. Seul bémol, cette partie est moins longue que Aincrad : j’y ai passé un peu moins d’une vingtaine d’heures, contre plus de 50 pour Aincrad.