[dropcaps style=’2′]Après le succès commercial de Sword Art Online Hollow Fragment, l’attente est grande en ce qui concerne ce Sword Art Online Lost Song qui arrive plein de nouveautés et de promesses. Du moins c’est ce que je croyais…
Sword Art Online Lost Song fait directement suite à Sword Art Online Hollow Fragment, comme Fairy Dance est la continuation de Aincrad. Mais à l’inverse de l’anime, la transition est plus que maladroite car beaucoup trop directe, sans explication aucune de comment Strea et Philia se retrouvent là par exemple. Ce n’est pas le seul problème scénaristique de cette suite puisque l’histoire, originale contrairement au premier, a toutes les peines du monde à décoller. Les nouveaux personnages, la jeune Seven et son garde du corps Sumeragi apparaissent d’ailleurs assez peu, et ne sont jouables qu’après la fin du jeu! (Seven ayant été ajoutée par une update postérieure). Rain, double épéiste comme Kirito, rejoint le groupe à mi-parcours et s’avère mieux intégrée dans la progression. Une bonne chose d’autant plus qu’elle est très agréable à jouer. On ne connait donc les motivations de ce trio qu’à la toute fin, et même là, le côté épique est aux abonnés absent. Sword Art Online Lost Song souffre en somme du même syndrome que Fairy Dance, c’est-à-dire une diminution brutale de la tension narrative par rapport à l’histoire précédente.[/dropcaps]
Cela a pour effet d’ajouter de la monotonie à une exploration qui n’en manquait pas vraiment. Le jeu est beau être un open world, il n’y a rien à découvrir : tous les objectifs sont marqués, sans rien avoir à faire à côté que des missions de chasse très classiques pour le compte de la guilde. Le schéma donjon → semi-boss → donjon → boss est désespérément invariable. Les donjons, comme les musiques d’ailleurs, ne trouvent (un peu) d’intérêt que dans le tout dernier environnement : le thème est plus grave et les chemins plus labyrinthiques. Autre bémol, les characters stories vous transportent automatiquement sur le lieu de l’action, alors qu’il y avait un côté recherche bienvenu dans Hollow Fragment. On est loin, très loin de la complexité et de la grandeur de la tortueuse Hollow Area.
Il faut donc se consoler avec les très nombreux personnages jouables de cet opus, presque une vingtaine, dont Shinon, Sakuya, Yûki et une elfe sortie de nulle part appelée Lux. Les styles, dépendant des types d’armes utilisés, sont assez variés et assurent une bonne diversité de gameplay. L’arc par exemple compense sa faible puissance par une visée précise permettant d’atteindre facilement le point faible de l’ennemi, le rendant tout aussi efficace que le reste de l’armement. Des magies d’attaque et de soutien font aussi leur apparition, démultipliant les possibilités en combat. Chaque type d’arme a également ses coups spéciaux, dont le très célèbre Mother’s Rosario, destructeur mais extrêmement coûteux en MPs!
Le système de combat a quand même quelques gros écueils. La caméra en fait voir de toutes les couleurs dans les environnements fermés, et le système de lock désoriente à force de changer la cible sans crier gare. Le switch a été purement et simplement massacré : il répond très mal et ne produit pas le plus petit effet pyrotechnique… Fidèle au monde de Alfheim Online, cet épisode introduit des combats aériens : pas forcément mal gérés, ces derniers demandent un néanmoins un temps d’adaptation pour maîtriser l’altitude et le dash. Dans l’ensemble, les combats de boss sont nettement moins intéressants que ceux de Hollow Fragment, faute encore là au rythme pépère de l’aventure. Seul les duels seul à seul, surtout celui contre Sumeragi, donnent une certaine pression.
Graphiquement, les persos sont vraiment réussis (tous sauf Silica, bizarrement) avec une modélisation très fine et un accent particulier mis sur les boobs des filles, à un point que je me demande si la Team Ninja n’aurait pas infiltré l’équipe de développement. Les décors sont plus fins, mais aussi plus pauvres et vides. L’animation est carrément nulle : les mouvements sont ultra-rigides et les ralentissements de circonstance. Cette version PSVita n’a clairement pas été optimisée, en dépit du fait que c’est de loin la plus populaire au Japon… Pour ne rien arranger, les monstres comme les boss sont toujours les mêmes, avec les mêmes comportements offensifs. Ce n’est vraiment pas le niveau d’investissement qu’on attend sur un titre dont le précédent a dépassé le demi-million de ventes! Restent les illustrations sympa et quelques brins d’humour agréables, mais le contrat n’est pas rempli. Ça manque de cinématiques, ou tout simplement d’une mise en scène élaborée digne de la série et de l’attente des fans. Les dialogues entre modèles 2D ont leur limites…
J’en suis le premier désolé, mais Sword Art Online Lost Song ne transforme pas l’essai de Hollow Fragment. C’est bien de rajouter des tas de persos de jouables, mais à quoi bon quand on perd toutes les qualités du premier? Cette suite apparaît donc comme un jeu à licence un peu sans idées, et j’espère sincèrement que BandaiNamco redressera la barre pour les prochains jeux de la licence. Celui sur Phantom Bullet n’a pas intérêt à être comme ça!