La Xbox 360 n’est pas réellement une console à la ludothèque très fine… Les jeux d’action et les FPS fleurissent de plus en plus et les passionnés de softs un peu plus cérébraux, RPG et consorts, boudent quelque peu. Et bien, figurez-vous que ce n’est pas avec Bullet Witch qu’ils rallumeront leur console. Le titre de Cavia (Drakengard 1 & 2 sur PS2) est à placer dans la catégorie des titres bourrins. Un de plus, serait-on tenté de dire, pourtant, cet énième ersatz de Devil May Cry a de quoi charmer. Il ne fera certes pas l’unanimité mais avant de le cataloguer, lisez donc ce qui suit.
Comment résoudre le problème de surpopulation…
L’humanité a connu ses heures de gloire ; il est temps pour elle de se voir remettre en cause. Elle va en effet avoir ce que l’on appelle la guigne… Jugez plutôt : 2007, la côte Est des Etats-Unis est ravagée par un impressionnant tremblement de terre (44 000 morts) ; 2008, la guerre éclate au Moyen-Orient (800 000 morts) ; 2009, un terrible virus ravage la population mondiale et aucun anticorps n’est trouvé (320 000 000 de morts) ; 2010, les climats se détraquent complètement, occasionnant des conditions climatiques imprévisibles et extrêmement violentes ( 800 000 000 de morts) ; 2011, des armées de monstres déferlent sur la planète (les pertes sont incalculables).
En matière de scénario de fin du monde, il est difficile de faire pire. L’histoire du jeu commence en 2013 alors que la population mondiale n’atteint même plus le milliard de personnes. De nombreuses milices s’opposent aux démons apparus mais leur défaite est inéluctable, en tout cas, tant que leurs ennemis ne cesseront pas d’arriver en masse et de façon illimitée. C’est en cette période noire qu’apparaît une jeune femme du nom d’Alicia. En apparence, une jeune fille frêle et tout à fait normale ; en réalité, un être habité par un démon qui possède l’enveloppe d’un humain mais des pouvoirs magiques considérables. Il s’agit bien évidemment de l’héroïne de notre aventure, celle qui fait en grande partie l’attrait du titre.
Charmante cette Alicia…
Le premier élément qui apparaît comme réussi dans Bullet Witch est son personnage principal. Alicia est peu loquace, très agréable à l’œil et sait se défendre de manière élégante. Son allure d’ange de la mort n’est pas réellement une coïncidence : elle abat bel et bien la mort sur tout ce qui ne devrait pas être sur notre Terre. Pour cela, elle dispose d’une sorte de balai qui lui sert d’arme. A la base, ce n’est rien d’autre qu’une grosse mitraillette mais au fil du jeu, vous pourrez lui rajouter des fonctionnalités telles que fusil à pompe, fusil sniper ou gatling. Chacune a son utilité, selon la proximité et le nombre de vos opposants. Mais les armes à feu ne font pas tout et vous pourrez également faire appel à des forces plus occultes dans le but de vous frayer un chemin.
La magie a un rôle assez important dans le jeu et il faut reconnaître que certains pouvoirs sont plus que jouissifs. Vous disposez de trois niveaux de sorts, contenant chacun trois pouvoirs. Ceux-ci sont pour le moins divers puisque vous pourrez aussi bien créer un mur pour vous protéger qu’envoyer valser vos adversaires à plusieurs mètres de là ou créer une tornade. Les télékinésistes en herbe vont être aux anges. D’ailleurs, pour rajouter du fun à ces dons, les développeurs ont fait en sorte que le décor soit interactif : déplacer des voitures, déraciner des arbres ou détruire des bâtiments sont chose courante. Il vous arrivera de détruire tout un terrain de jeu après avoir fait appel à vos pouvoirs. Même si certaines utilisations sont scriptées, vous pouvez user de vos capacités comme bon vous semble ; sans toutefois en abuser. Vous disposez d’une jauge de magie qui se vide très rapidement. Pour la faire augmenter à nouveau, il vous faudra notamment tuer des monstres. Donc savoir quand utiliser tel ou tel pouvoir peut être fortement utile. Vous ne trouverez jamais de bonus sur le terrain : Bullet Witch n’en propose aucun.
Les armes ont des munitions illimitées tant que votre jauge de magie n’est pas vide. Les habituelles préoccupations du genre s’envolent donc et il ne reste alors plus que le plaisir d’avancer pour défourailler ces armées du chaos.
Ambiance réfléchie s’abstenir !
Le principe de Bullet Witch n’est malheureusement pas très fin et se résume à tuer tout ce qui bouge, sachant que les tirs amis ne sont pas pris en compte. Sauver des civils est aussi une possibilité (en utilisant le sort Sacrifice pour leur remettre de la vie) mais sachez que cela ne vous apportera rien. Faire attention à ses coéquipiers n’amène aucune plus-value à votre progression. Conclusion à tout cela : soyez égoïste. De toute façon, l’intelligence artificielle des personnages étant relativement faiblarde, vos éventuels compagnons ne vous seront pas d’un grand secours. Ce qui est plus problématique, c’est que cette IA défaillante est aussi observable chez vos ennemis. Ils ne cherchent que rarement à éviter vos tirs et l’immobilisme de certains alors que vous les immolez de balles étonne. Ne parlons même pas des Gigas, ennemis les plus impressionnants du jeu, qui ne bougeront par moment même pas d’un pouce alors que vous mitraillez leur point faible. Ok, nous avons à faire à des morts-vivants mais l’introduction du titre nous démontre qu’ils savent parler et sont doués d’intelligence. Comment cela se fait-ce ? Vous le saurez si vous jouez au jeu.
C’est d’ailleurs se mettre des bâtons dans les roues que de présenter, lors de la dite introduction, des zombies sachant parler, fumer et faire preuve d’humour noir. Les développeurs ont tenu à rendre leurs zombies « humains ». Car le point du fort du jeu réside incontestablement dans son ambiance. L’impression de parcourir un monde à la dérive est bel et bien présente. Les humains se cachent ou s’enfuient ; les villes sont dévastées et le fait que le jeu se déroule en grande partie la nuit appuie encore davantage les traits de ce paysage apocalyptique. Rassurez-vous, nous sommes loin d’un survival horror : la peur n’intervient pas à un seul moment mais certains décors pourraient tout à fait s’adapter à l’épouvante. Notamment le cinquième niveau qui revisite les classiques de l’horreur avec une excellente utilisation de la brume. L’angle de caméra située au dessus de l’épaule de l’héroïne nous offre l’opportunité de vivre l’action au plus près. D’ailleurs, pour viser plus facilement, une pression sur le stick de droite vous permet de vous coller au bras droit d’Alicia afin d’avoir le meilleur angle de vue pour tuer en masse. Les commandes sont d’ailleurs très simples et il est difficile de s’y perdre. La sélection des sorts se fait de manière relativement aisée à travers des menus apparaissant en transparence sur l’écran. Un léger temps d’adaptation est nécessaire pour sélectionner ses sorts en pleine action mais le coup est très vite pris. Naviguer dans Bullet Witch est vraiment donné à la première personne venue, tout comme voir le générique de fin…
Il te suffit de suivre la voie…
Le plus gros défaut du jeu reste en effet son effarante linéarité. Il est impossible de se perdre ou de dévier du chemin principal. De nombreuses barrières magiques apparaissent dans les décors quand les environnements sont trop grands et vous ne pourrez pas les franchir. Celles qui peuvent l’être le sont seulement dans le cadre du scénario. La répétitivité de l’action pourra en rebuter certains également. Il s’agit souvent d’avancer, de tout tuer et, quand une barrière vous embête, il vous faut trouver le Tyrannoix qui la contrôle. La difficulté du jeu est de la même veine : les niveaux facile, normal et difficile constituent une promenade de santé. La seule différence réside dans les dégâts causés par vos ennemis. Les levels Chaos et Enfer seront plus à même de vous retenir. Bullet Witch est un jeu d’action misant essentiellement sur sa replay value. Il est impossible de booster toutes ses armes et sorts dès la première partie grâce aux points de fin de mission (au nombre de six). Votre avancement est conservé dans la sauvegarde finale pour que vous recommenciez dans le niveau de difficulté supérieur avec les améliorations achetées précédemment. Il s’agit donc de finir le jeu cinq fois si vous désirez tout posséder (armes, sorts et succès). A cela, nous pouvons ajouter le contenu téléchargeable disponible sur le Live. Il faudra attendre un peu avant d’en voir mais devraient arriver prochainement de nouveaux costumes pour Alicia ainsi que des missions bonus.
Tout le problème réside dans la question : aurez-vous le courage de le refaire autant de fois que nécessaire ? Bullet Witch n’est pas réellement un jeu de demi-mesure : soit vous appréciez l’ambiance du jeu et alors vous progresserez le sourire aux lèvres, soit vous n’accrocherez pas et laisserez le jeu de côté une fois achevé (4-5heures la première fois). Pourtant, Bullet Witch dispose de bons atouts (de jolis graphismes, une animation tout à fait correcte, une bonne bande son, un background intéressant). Malheureusement, il accuse également des défauts qui pourront faire pencher la balance en sa défaveur (IA défaillante, une durée de vie à double tranchant, linéarité, principe bourrin et répétitif et un certain manque de rebondissements).
Titre à polémique, Bullet Witch offre pourtant un challenge intéressant pour celui qui se passionnera pour l’histoire mais surtout cette ambiance si particulière. Il est primordial d’insister sur cette dernière car c’est réellement elle qui vous poussera, ou non, à poursuivre l’aventure. Contrairement à d’autres héroïnes du genre (Lucia de DMC 2, Nina de Death by Degrees, Rayne dans Blood Rayne, …), Alicia fascine réellement et découvrir ses réelles intentions saura tenir en haleine de nombreux joueurs. Les différents niveaux de difficulté sauront contenter les plus courageux. A vous de voir quelle utilisation vous voulez faire du soft : une simple partie et c’est tout, ou plusieurs parties pour l’achever à 100%.