Chez Microsoft, on ne passe pas l’été à se dorer la pilule en attendant une rentrée pleine de bonnes perspectives. Non, pour le constructeur la chaude saison est l’occasion de lancer comme chaque année son Summer of Arcade, un programme visant à sortir chaque semaine une grosse exclusivité (temporaire ou non) sur Xbox Live Arcade. Parmi les éditions précédentes, on aura remarqué la bonne pioche de l’éditeur au travers des excellents et marquants Braid, Castle Crashers, LIMBO, Shadow Complex, ‘Splosion Man ou encore Trials HD. Pour cette cuvée 2011, beaucoup retiendront Bastion mais également l’intriguant Insanely Twisted Shadow Planet, fraîchement débarqué au début du mois d’août. Ce titre est le fruit de l’association entre le jeune studio Fuelcell, basé à Seattle, et Michel Gagné, dessinateur et animateur canadien qui a auparavant travaillé pour de grands studios tels Sullivan Bluth Studios, Pixar, Warner Bros, ou encore Cartoon Network. Après une longue gestation pleine d’alléchants trailers, il vient enfin de le temps de tester la bête.
Aux confins de l’univers, une étrange forme aux origines inconnues fonce tout droit vers l’astre central d’un système solaire. Quelques secondes après l’impact, le soleil semble être pris d’une virulente infection qui le transforme en une horrible et menaçante étoile aux sombres couleurs. Non loin de là, un petit être de l’espace assiste impuissant à la scène au travers de son télescope. La planète sur laquelle il semble habiter ne tardera pas à être également contaminée par des rejets du soleil noir, forçant notre héros à mener son enquête puis, après avoir passé ce qui fait office de tutorial, d’éradiquer le problème à la source.
L’univers imaginé par Michel Gagné s’apparente à un dessin animé moderne mais avec touche bien adulte. Nous errons dans des environnements aux couleurs variées et parfaitement bien associées, avec une importante prédominance du noir, ce que cela soit pour les parois et les ennemis. Le style artistique utilisé donne un rendu rarement vu, allant du « monstrueusement cauchemardesque » au « géométriquement tranchant ». Ou un truc de ce genre. Un soin particulier a été apporté aux détails et à l’animation du jeu qui rend ce dernier très vivant et assez interactif, dans une fluidité à tomber par terre. On en revient parfois à ce demander si l’on se balade véritablement sur une planète ou à l’intérieur d’un être vivant dont les énormes boss seraient les organes. Les notions de grandeurs sont souvent bousculées dans le titre, la caméra s’amusant parfois à fortement s’éloigner du vaisseau, laissant le joueur apprécier sa petite taille face à l’immensité de certaines architectures ou ennemis. En résulte une atmosphère très sombre et prenante qui s’apprécie seul dans noir avec un casque sur les oreilles afin d’apprécier les fonds sonores très travaillés. On notera aussi l’absence d’une véritable interface (hormis l’inventaire et la carte) pour renforcer d’avantage l’immersion.
A la manière d’un Metroid, le jeu se déroule dans une vaste carte composée de petits mondes interconnectés via de gros conduits. Le joueur a la liberté d’explorer ce milieu hostile comme bon lui semble avec comme aide qu’une simple indication sur une carte à dévoiler du prochain point important à découvrir. Bien évidemment, on ne sera pas libre d’aller où l’on veut dès le départ car bon nombre d’endroits seront inaccessibles sans l’équipement spécifique. Au début de la campagne solo, le vaisseau de notre intrépide extraterrestre est pourvu d’un petit blaster multidirectionnel, un scanner bien pratique pour déterminer les faiblesses d’un ennemi ou d’un un obstacle, et enfin l’indispensable petite pince qui permet d’attraper ou de s’accrocher à peu prêt tout et n’importe quoi. Viendront se greffer par la suite une poignée d’autres outils, comme par exemple un bouclier, un laser ou encore une scie circulaire. On pourra les sélectionner via l’inventaire circulaire ou via les quatre raccourcis correspondant aux touches colorées de la manette. Tout ce matos se veut d’une double utilité, puisqu’il servira autant à résoudre les nombreuses énigmes disséminés dans le monde que se débarrasser d’un bestiaire de monstres aussi variés que dangereux. Ce mix entre un Metroid de par son exploration et son système de progression et un shoot’em up (R-Type d’après le développeur), s’avère extrêmement efficace avec des situations pas mal variées, et de plus servi par une maniabilité exemplaire très solide et fluide. La campagne se termine en environ deux après-midi, le temps de trouver – pour les acharnés – tout les concept-arts ainsi que tous les bouts de cinématiques narrant la naissance dudit « virus ». Niveau difficulté, Insanely Twisted Shadow Planet ne fera que très rarement grincer des dents. Pas de Game Over, le vaisseau pouvant encaisser pas mal de dégâts avant d’exploser, explosion qui le ramènera au dernier des nombreux checkpoints qui régénèrent automatiquement la vie à chaque passage.
Le titre propose également une partie estampillée multijoueur, jouable de une à quatre personnes, en local ou en ligne. Chaque personne possède sa propre lanterne qu’il devra emmener le plus loin possible à travers des couloirs générés aléatoirement, bourrés d’obstacles et d’ennemis, sachant qu’un énorme monstre tentaculaire progresse lentement de l’autre côté de l’écran, prêt à détruire tout objet ou vaisseau se frottant trop près de lui. Le but sera d’unir ses forces pour aller le plus loin possible tout en minimisant les pertes, sachant qu’il est possible de faire respawn un joueur mais pas une lanterne. Un mode affreusement grisant, parfois frustrant car très difficile, qui réserve quelques bonnes hilarantes paniques quand l’écran s’assombrit à l’approche du monstre et qu’il faut rapidement faire des choix !