Archaïc : Dernière question : Pourquoi les utopiales ?
EC : Pour la générosité du festival.
Auditoire : On vous voit assez peu sur des salons comme le Paris Games Week…
JR : En effet. Car mine de rien, les stands, il faut les payer, il faut pouvoir avoir les bornes. On ne peut pas spécialement se le permettre. Sortir les 3-4000 euros pour être présent sur des salons, en sachant que pour les salons professionnels type Games Connexion, c’est même plus 5000. C’est ultra lourd pour nous. Alors si on doit être aussi sur les salons grands publics où cela demande une mise en œuvre particulière, on ne peut pas assumer à notre échelle. En tant que développeur, on fait des salons purement pro, genre Games Connexion ou Games Com. C’est tout bête mais cela nous permet de discuter avec d’autres développeurs et pas seulement les studios parisiens. Des dévs hollandais, allemands, ukrainiens, … et avoir des échanges assez fructueux. Cela permet de rencontrer les éditeurs, car ils sont loin d’être tous méchants hein. Ainsi que la presse. Le tout pour un coût relativement raisonnable. Cela reste cher, mais pendant 3 jours, on voit et fait plein de choses.
EC : il y a la GDC également.
JR : Là aussi, cela permet de voir ce qui se fait et de parler des nouveautés. Après concernant les Utopiales, j’étais déjà venue plusieurs fois. Pas du côté jeux vidéo, car il n’y en avait pas trop. J’ai été contactée par des gens qui voulaient lancer une partie jeu vidéo ici, au travers notamment de la Game Jam. Pour moi, c’était une évidence : on aurait du parler du jeu vidéo depuis longtemps aux Utopiales. Le jeu vidéo et la SF sont quand même intimement liés.
EC : Les jeux vidéo ont clairement leur place ici. Ce serait chouette dans les années futures que cela puisse se développer. J’ai vu que David Calvo faisait partie de tables rondes littéraires. Ce qui est bien car finalement, c’est vraiment intéressant de ne pas avoir de clivages trop forts et montrer que cela touche tout le monde.
JR : Le jeu vidéo est certes un média mais c’est surtout cross média. On travaille avec des scénaristes, des musiciens, des réalisateurs parfois, des illustrateurs, … il y a plein de monde qui intervient. Cela fait d’autant plus sens de pouvoir échanger avec des gens qui sont romanciers ou dessinateurs, et qui vont soulever des questions sur le thème. Cela ne veut pas dire qu’il faille forcément s’inspirer de ces métiers-là mais comme cela peut être intéressant de discuter avec d’autres développeurs, cela peut être intéressant de parler avec d’autres penseurs. Cela permet, qui plus est, de parler du jeu vidéo en tant que tel, qui n’a pas encore si bonne presse. C’est pour cela que j’ai proposé un atelier de présentation du jeu ici aux Utopiales, et pour présenter comment cela se passe. Pour démystifier les choses et faire véhiculer l’information, pour que ce ne soit pas une boîte noire « c’est mal, c’est fait par des mecs codant au fond de leur garage en mangeant des pizzas ». D’autant que les gens qui vont à la Game Jam voient que c’est vrai… (rires) Ou au contraire, l’image qu’ont les jeunes générations, c’est-à-dire une image de super-héros qui bossent toujours sur des jeux énormes, trop biens et qui roulent tous en Ferrari comme Carmack. Je voulais vraiment démystifier cela.
EC : L’expo au Grand Palais qui vient d’ouvrir, je trouve cela bien. Je pense que la perception du jeu vidéo est en train de changer…