[tabs tab_names=’Avis de Mizakido|Avis de Vidok’ style=’1′ initial=’1′]
[tab][testimonials user= »Mizakido » style= »callout »]88 miles à l’heure ![/testimonials]
Well well well. Après quatre jours intenses à parcourir les couloirs en lambris de la Cité des Congrès de Nantes, il est temps de faire un bilan de cette édition 2015 des Utopiales. Une fort belle édition, si je puis dire, avec beaucoup, beaucoup de conférences, de films et autres trucs à voir. Bon les conférences, cette année pour Vidok c’était pas trop ça quand même, la faute à un programme cinématographique légèrement chargé. L’ajout d’une troisième session de courts n’a pas aidé il faut dire. C’est pourtant avec une conférence que nous avons commencé ce festival, avec comme orateur, ni plus ni moins que Roland Lehoucq, qui est venu nous dire si Interstellar était réaliste… Une sorte de continuité avec le premier discours qu’il avait tenu l’année dernière avec Avatar. Qu’en retenir ? Que c’était très très intéressant, et que le temps, a comme d’habitude manqué pour tout aborder… Mais que globalement, Christopher Nolan a pas mal joué les funambules.
C’est d’ailleurs Monsieur Lehoucq que j’ai pu retrouver le lendemain matin accompagné de Denis Bajram, Thierry Smolderen, Jean-Philippe Uzan, et Bénédicte Leclerq, pour une table ronde des plus délicates à aborder de bonne heure, à savoir les univers parallèles et multivers. Une conférence intéressante au demeurant, avec différents points de vue aussi bien artistiques que scientifiques sur la question.
Les deux autres et dernières conférences que nous avons pu faire portaient sur le jeu-vidéo, qui était une fois encore cette année quelque peu en retrait par rapport aux autres médias de science-fiction. La première était intitulée “L’histoire dans les jeux vidéo : l’apprentissage du chaos ou une nouvelle culture citoyenne”… Ou en gros est-ce que Melanchon avait raison de faire tout un drama vis à vis d’Assassin’s Creed Unity, et est-ce qu’en général, les jeux vidéos doivent respecter l’Histoire. Alors les avis étaient plutôt divisés, aussi bien dans la table ronde que dans le public. Cela a failli tourner à la bataille d’idées souvent trollesques, mais chacun s’est contenu comme il fallait. Il est fort dommage que pour cette conférence, un invité manquait, à savoir l’historien qui avait été consulté pour la création du jeu d’Ubisoft. Cela aurait assurément pimenté le débat… Un débat qui avait d’ailleurs été conclu par la voix rauque et légèrement agacée d’un homme présent dans le public, qui n’était autre que Thierry Platon, co-fondateur de Gloomywood, le studio français qui développe actuellement 2Dark, le nouveau survival-horror hybride du créateur de Little Big Adventure, à savoir Monsieur Frédérick Raynal.
Ce qui nous amène à la dernière conférence, qui n’était autre qu’une présentation fort technique du jeu. C’était l’occasion de découvrir qui était l’autre tête pensante du studio : un vieux briscard du jeu-vidéo, voulant refaire du développement comme dans le temps, pour le plaisir, avec des potes, du punk et des idées. C’est en tout cas ce qui a ressorti le plus de cette conférence de présentation de 2Dark, un titre définitivement intriguant aussi par son approche technique – pourquoi faire de la 2D pure alors qu’on peut utiliser du voxel pour faire du rendu plat à la volée – que par son gameplay qui mélangera infiltration, horreur et humour noir. Toujours est-il que ça fait plaisir de voir des gens qui ont mine de rien pas mal d’années dans le métier être toujours aussi passionnés. Des passionnés, il y en avait d’ailleurs pas mal dans un coin du festival, à présenter leurs jeux… Purement Nantais, avec le petit beurre LU et tout ! C’est en effet avec plaisir que j’ai pu voir que le shmup Drifting Lands (Alkemi) avançait vraiment bien, avec son système de jeu visiblement très pointu et customisable et sa patte graphique indéniablement claquante, et que Samurai Riot (Wako Factory), un petit beat’em’all 2D, avançait tranquillement mais sûrement, avec, par rapport à l’année dernière, plus de sprites à l’écran et un système de baston qui se dessine. On aura bien l’occasion d’en reparler dans ces lignes !
Notons l’excellente exposition principale de cette année, qui n’est d’autre que celle de Manchu, que j’avais découvert l’année dernière au travers de quelques toiles (oui j’ai pas de culture). Toutes ses couleurs, tous ces designs, tous ces paysages… C’est vraiment magnifique. On se perd vraiment dans ses dessins, limite prêts à partir dans l’espace et dans l’inconnu à bord du premier vaisseau venu. Superbes toiles donc. Absolument superbes. Pour le reste, vous avez pu le lire cette semaine : je ne me suis pas (vraiment) ennuyé, le thème de la science-fiction me tient toujours à coeur et est définitivement très bien traité ici, la sélection des films, courts métrages, animés, nombreuses rétrospectives que j’ai raté… Était tout bonnement hallucinante de qualité. Tout est toujours bien organisé, tout se passe toujours dans la bonne humeur… Les Utopiales est vraiment un excellent festival, et j’y reviendrais, encore, l’année prochaine, pour le bonheur des yeux et le petit malheur de mon fessier.[/tab]
[tab][testimonials user= »Vidok » style= »callout »]Le 7ème art à l’honneur ![/testimonials]
Des longs-métrages, des cours-métrages, des documentaires, les Utopiales ne se résument pas qu’à cela, loin de là. En parallèle, se déroulent un nombre conséquent d’expositions et conférences, toutes plus intéressantes les unes que les autres. Cette année, le riche programme cinématographique n’a pas permis de s’arrêter sur plus de quelques conférences. Mais je ne les ai pas choisies pour rien. La première était bien évidemment la conférence d’ouverture “Interstellar est-il un film réaliste ?”, menée par le président des Utopiales lui-même, Roland Lehoucq, pour rappel astrophysicien. Parcticulièrement didactique, sa conférence d’une heure s’est amusée à chercher le réalisme sur trois points bien précis du film. Un exposé passionnant pour les curieux et férus de sciences. Très bon enfant, elle a permis de lancer le festival sur de bonnes bases. Autre domaine, radicalement différent mais tout aussi passionnant et encore plus amusant, “The Pratchett Legacy”, une réunion d’une heure entre amoureux de Terry Pratchett pour lui rendre hommage. Si les écrivains et écrivaines présents étaient de qualité, il faut reconnaître que l’attrait majeure de la conférence était la présence de Mireille Rivalland, des éditions Atalante, et surtout Patrick Couton, traducteur depuis plus de vingt ans des annales du Disque-Monde. Entre anecdotes et révélations, les échanges ont été savoureux. Les lecteurs de Pratchett semblaient heureux de se remémorer avec les auteurs divers passages des meilleurs volumes. Un joli moment, précédent les diffusions des deux parties de Timbré : Les contes du Disque Monde, idéal pour ceux ne possédant pas ces oeuvres à la maison.
“Et si une découverte archéologique modifiait notre interprétation du passé ?” En voici un thème prometteur que j’espérais bien voir développer pendant l’heure de la conférence dédiée. Malheureusement, à mes yeux, mal orientés, les participants n’ont jamais répondu à la question et sont partis bien loin du sujet initial. Peut-être est-ce là l’un des travers de Xavier Mauméjean, modérateur appréciant de donner la parole à ses invités dans un ordre prédeterminé, immuable, à la question unique et sans permettre le dialogue entre plusieurs individus. Vraiment dommage, l’une de mes rares déceptions de ces quatre jours. Le Bar de Mme Spock n’étant pas bien loin, cette déroute a vite été oubliée…
Si nous n’avons pas beaucoup parlé Jeux vidéo cette semaine, c’est parce que la place dédiée aux jeux vidéo, aux Utopiales, ne s’agrandit pas forcément au fil des ans. C’est bien dommage, mais des conférences étaient toutefois présentes, et étaient pour le coup très intéressantes. J’en ai raté quelques unes mais j’en attendais deux tout particulièrement, et je n’ai pas été déçu. “L’Histoire dans les jeux vidéo : l’apprentissage du chaos ou une nouvelle culture citoyenne ?” était la première. Un titre un peu pompeux, mais dont la raison d’être fait suite à l’affaire Mélenchon, concernant les “ajustements” historiques effectués dans Assassin’s Creed Unity. Pour y participer, Alain Damasio (Remember Me, Life is Strange), Jean-Christophe Baillie (Novaquark) et Sybille Marchetto (Présidente de la fédération française de jeux de rôle) étaient présents. Un des scénaristes d’Assassin’s Creed Unity était apparemment prévu mais a dû se désister au dernier moment. Dommage. Il est toujours difficile d’aborder le contenu d’une conférence à l’écrit. Je ferai simple et court. Madame Marchetto et Monsieur Baillie prônent la liberté de création, quitte à provoquer le débat ensuite, Monsieur Damasio considère qu’il est responsable d’une partie de la vision de ses lecteurs sur l’histoire qu’il raconte. Deux parti-pris, des deux côtés bien défendus. A noter une intervention très opportune de Thierry Platon, co-créateur du jeu 2Dark, avec Frédérick Raynal, prenant à partie Alain Damasio et allant à contre courant des interventions du public – entre nous parfaitement à côté de la plaque, une femme allant même jusqu’à proposer un bureau “qui accéderait aux jeux en avance afin d’en modifier le contenu si nécessaire avant sa commercialisation”, j’en ris encore – pour lui rappeler que les créateurs doivent à tout prix garder la main-mise sur leur créativité et qu’il faudrait arrêter de prendre les jeunes que pour des cons, appuyant au passage l’avis qu’il y a un travail des parents à réaliser, nécessaire pour que l’enfant ne prenne pas l’histoire racontée dans un jeu vidéo pour argent comptant. Un homme sensé, un homme que l’on retrouve pour la conférence sur 2Dark, le lendemain.
Armé uniquement d’un powerpoint et de quelques vidéos, Thierry Platon a tenu sa conférence d’une main de maître sur l’originalité apportée par 2Dark au genre du Survival-Horror. Les recherches sur les voxels, cette technologie permettant de simuler une véritable 2,5D, abordées et la manière dont Gloomy Wood – le studio de développement – développe son jeu ont été fascinantes. Dommage que les Utopiales n’aient pas filmé cette conférence, afin de la revoir courant 2016. Thierry Platon y a tout de même fait bonne figure, de part sa prestance, sa sincérité, sa bonne humeur et surtout son humour. En résumé, 2Dark, jouable d’ailleurs sur le salon, est une très bonne surprise, au concept inédit, dans une représentation inédite, avec des outils tous faits maison. Il sortira vraisemblablement sur beaucoup de supports, histoire de le rentabiliser, mais pas question de le voir débarquer avant qu’il ne soit complètement terminé. Une belle mentalité que voilà. Les personnes ayant backé sur Ulule peuvent être fières du projet. Merci Gloomy Wood.
En parallèle, des expositions, de toutes sortes. Clairement, je suis moins sensible aux expositions, cela ne m’a pas empêché d’en apprécier plusieurs. Evidemment, le clou du festival était la présence d’un nombre colossal de planches du dessinateur Manchu. Sublimes. Toutes. Un très très grand monsieur. Les hommes debout n’était pas exceptionnel mais dégageait une atmospère assez oppressante. Sa visite mettait mal à l’aise, et c’était vraisemblablement le but recherché. Réussie donc. Il serait trop long de toutes les décrire – et je n’ai pas le vocabulaire suffisant de connaisseur pour cela – mais je peux affirmer que j’ai pris plaisir à les arpenter. 20 ans de Série B était sublime, la galerie Wika était sans intérêt pour moi – goût très personnel. En tout cas, il y en avait pour tout le monde. Et c’est un peu cela les Utopiales, il y en a pour tout le monde, pour tous les âges. Le festival 2015 était encore une fois réussi, avec surtout un programme cinématographique assez incroyable. Que ce soit les longs que les courts métrages, le niveau était très haut cette année. L’organisation, impeccable, n’a malheureusement pas réussi à réunir suffisamment de cosplayeurs pour obtenir un concours de qualité – car oui, comme tous les ans, un concours de cosplay a eu lieu. Le niveau grimpait à chaque édition, mais cette année le niveau des participants a été globalement très bas. A ma grande surprise, les plus beaux participants n’ont même pas figurés sur le podium. Cette édition a fait monter les habituels bas de classement. Étonnant. Vu le monde rameuté chaque année pour le concours, je pense que les Utopiales ont tout intérêt à comprendre les raisons de cet échec. M’est avis qu’elles doivent se dissimuler dans les prix des gagnants et dans la (non) qualité des animateurs.
Cela n’entache pas cette très bonne seizième édition. Les dates de la dix-septième sont déjà posées. A l’année prochaine.[/tab][/tabs]